« Jing le resplandissant »
Maître Tung (le pinyin se veut : Dong. Exceptionnellement, nous conserverons l’orthographe Tung, puisque le style s’est propagé sous cette appellation) était un acupuncteur des plus réputé de son temps. Il a d’ailleurs tellement marqué les esprits que l’« acupuncture Tung » reste synonyme de résultats exceptionnels.
Il n’est pas rare aujourd’hui de voir « les points magiques de maître Tung ». Cela est surtout dû à une erreur de traduction. Son livre initial était titré : « Dongshi zhenjiu zhengjing qixue xue», qui se traduit sans ambiguïté par : « Étude des points hors canaux réguliers de l’acupuncture Dong ». Plus tard, la traduction est devenue « Les points extraordinaires de l’acupuncture Dong ». Pour finir par devenir : « Les points magiques de l’acupuncture Dong ». Ceci est un exemple parmi d'autres qui illustre la délicate affaire de la traduction. Nous invitons a rester humble. Certes, les points sont particulièrement efficaces, mais n’est de magique que l’incompris.
Maître Tung, de son nom Dong Gong, aussi connu sous l'appellation de « Jing Chang » ou « Jing le resplendissant » [il est commun pour les chinois de porter différents noms, donnés par différentes personnes au cours de leur vie], est né le 23 mai 1916 à Pingdu, dans la province de Shandong, en Chine. Il a grandi dans une famille de médecins traditionnels, depuis des générations, spécialisés en acupuncture. Il a ainsi passé son enfance à observer et se familiariser avec cet art dans les cabinets de son grand-père et de son père. Il s’est très vite démarqué par sa vivacité d’esprit, et ses capacités remarquables.
Puis la guerre contre l'envahisseur japonais a éclaté (1937 – 1945). Il s'est enrôlé dans un bataillon de l’armée de terre pour servir et défendre son pays. À la suite de quoi, il participe aux combats dans la « Guo min dang », au côté de Tchang Kaï-Tchek, contre les communistes. Il finit, comme beaucoup des nationalistes d’alors, par prendre refuge sur l’île de Taïwan.
De là, il traite gratuitement à la fois ses compagnons d’armes, mais aussi la population locale. On estime que 300000 personnes auraient bénéficié de ses soins. Très vite, sa réputation s’est répandue dans l’air comme un chant printanier, de l’aiguille qui chasse les maladies, du médecin qui a sauvé d’innombrables vies. Ses techniques n’étaient pas conventionnelles. Bien que fondée sur l’ancien, elles faisaient montre d’innovations.
Dans les années 60, il se retira de sa carrière militaire et ouvrit une clinique privée. Par la suite, il eut quelques 73 disciples dont les plus connus sont les docteurs Chen Du-Ren, Lin Ju-Chu, Yuan Guo-Ben, Wang Chuan-Min, Young Wei-Chieh, Paldon Carson, etc.
Puis, dans les années 70, Taïwan réforma sa politique d'encadrement des médecines traditionnelles. Il devient alors obligatoire d'être en possession d'un doctorat en médecine pour avoir le droit d'exercer l'acupuncture. Maître Tung, en tant que descendant de famille de médecins traditionnels ne possédait pas de diplôme universitaire. Il a donc été contraint de fermer son cabinet. À partir de ce moment, il a développé un cancer de l'estomac qu'il a refusé de soigner, eu égard à la médecine occidentale ou chinoise. Il est décédé le 07/11/1975.
Son efficacité clinique et son œuvre, au travers du « Dongshi zhenjiu zhengjing qixue xue » de 1968, et sa version révisée de 1973, sont passées à la postérité. C’est à travers ces ouvrages que notre étude des points « Tung » se fonde. Ces derniers reflètent la pensée du maître. Celle-ci ne se voulait pas conservatrice, mais moderne et orientée vers l’avenir ! C’est donc à bon escient qu’il remplace les termes anciens par d’autres plus contemporains. Ainsi les canaux (méridiens) deviennent des nerfs ou des zones réflexes. Les maladies du « qi » deviennent des maladies neuronales, et celles du « xue » (sang), des maladies vasculaires. La meilleure façon de lui rendre hommage, est d’aider à divulguer son œuvre comme lui-même la voyait.
Traduit et rédigé par Raphaël Gallo-Bona,
Votre praticien à l’Institut Feng Zhen.
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