Par Guo Gumin, maître 3ème génération
Bagua zhang : art de santé, art de guerre
I/ Les bénéfices sur la santé de la pratique du bagua zhang
Autrefois, les hommes étaient fréquemment exposés aux aléas de la météo tels que le froid, la chaleur, l’humidité ou la sécheresse. Cela débouchait sur des maladies, et les médicaments n’étaient pas aussi répandus qu’aujourd’hui. Aussi, au fil du temps et d’expérience en expérience, ils ont développé des méthodes pour la prévenir et la contrecarrer : défaire les obstructions des articulations et favoriser la circulation du sang dans les vaisseaux.
Lorsque quelqu’un tombait malade, il pratiquait des étirements, ou encore des techniques de respiration, afin de relever les obstructions de qi et de sang. Avec ces méthodes le corps devient plus vigoureux, l’appétit et le métabolisme sont augmentés, ce qui favorise un rétablissement plus prompt. En ce temps là, les gens vivaient plus longtemps et en meilleur forme. Ils possédaient une force naturelle, savaient cohabiter avec les éléments et les animaux, bravaient la pluie et le vent, résistaient au froid et à la chaleur. Résister aux forces de la nature est la première raison de bouger le corps, cela augmente ses capacités.
Augmenter sa force physique, c’est aussi augmenter ses capacités mentales, et à travers cela, les capacités créatrices de l’homme. Dire que le mouvement participe à la santé, c’est affirmer une loi de la nature.
Pour l’étude de l’art du poing, il n’est pas nécessaire d’étudier les livres de médecine. Mais à travers la pratique du poing, on acquière la connaissance des articulations, des points du corps et de leurs voies, du nom des os, du fonctionnement des canaux et des collatéraux, de la circulation du qi et du sang, de l’essence et de l’esprit, de la réhabilitation, etc. Parmi toutes les pratiques corporelles qui consiste à guider la circulation au travers des points du corps, la plus importante est celle qui consiste à réunir les vaisseaux Du et Ren.
La clé pour unir les vaisseaux Ren et Du est de relever la langue sur le palais. Cette technique est celle du gongfu, comme yin yang se rencontrent entre le ciel et la terre, en effectuant des cycles giratoires ; haut bas avant arrière, les révolutions sont continues. Le qi correct circule, alors l’interne est robuste. Le fameux « qi chen dantian », le qi descend au dantian, est après guidé vers l’externe, aux quatre membres ; à la fois l’interne et l’externe sont renforcés ! C’est ce qu’on appelle « le grand accomplissement ». À ce stade, les maladies ne naissent plus de l’intérieur, et les pathogènes externes ne peuvent envahir. Au fil de la pratique, le corps est devenu suffisamment résistant.
Dans le « Yi jing », il est dit : « Le ciel se meut vigoureux, le gentilhomme se développe sans cesse ». Tant que le corps reste en mouvement, il renforce sa vigueur. Mais aussi la fameuse phrase de Liu Buwei « l’eau qui coule ne croupit pas ; les gonds ne se font pas ronger les vers ». Ce sont autant de rappelles historiques sur l’importance du mouvement et sur ses bénéfices.
Certaines personnes imitent la façon dont se meuvent les animaux, imitent leurs postures, mais aussi leur vitalité et leur spontanéité ; ces pratiques sont elles aussi bonnes pour la santé. En vérité, tout ceci illustre de manière indéniable les bénéfices du caractère 动 dong, bouger, activité, mouvement.
C’est donc pour toutes ces raisons évoquées ci-dessus que la pratique du poing est bénéfique.
II/ Les méthodes du bagua zhang sont en accord avec l’art de la guerre
Le bagua zhang et l’art militaire sont identiques sur de nombreux plans. Lorsqu’on avance, on se déploie en un éclair ; dans la retraite, on conserve une tranquillité inébranlable. La vitesse ne laisse pas le temps à l’ennemi de se préparer ; la lenteur permet de ne pas se disperser ; ainsi, l’ennemi ne sait pas où attaquer. Les transformations s’adaptent à l’adversaire et le conditionnent dans ses réactions.
Les lois militaires de transformation doivent être à l’image du cours d’eau qui suit le relief de la terre. Selon le nivellement du terrain, sa forme est différente. Il est en de même pour les transformations des paumes. L’art de la guerre est appelé 术 shu, art, compétence ; l’art des paumes est lui aussi appelé 术 shu. Les performances des arts martiaux d’aujourd’hui, sont-elles identiques à celles des guerriers ancestraux ? Les techniques ne doivent pas être uniquement rapides, elles doivent aussi se montrer ravageuses.
Sans une méthode correcte, on ne fait que dissiper son énergie, et pratiquer en vain. C’est pourquoi les méthodes de confrontations demandent aussi d’être versé dans les arts. Inversement, lorsqu’on étudie l’art, on ne doit pas s’éloigner de ses principes. Aussi, les mouvement doivent restés connectés aux techniques de protection.
Les techniques de paumes préviennent des maladies et prolongent la vie. Elle sont aussi des techniques d’auto-défense et renforcent la constitution physique. Apprendre le bagua zhang ajuste les forces du corps et apportent l’apaisement. Si on s’épuise toute la journée, il n’y a ni régulation, ni ajustement. La force physique s’épuise facilement, et elle est difficilement récupérable.
L’étude du poing, c’est aussi celle de la bravoure. En pratiquant longuement le poing, l’esprit martial se développe et le courage s’étend bien au-delà d’une personne ordinaire. On ne se sent jamais abattu ou dépité. Pour s’engager au combat, il faut être brave, vigoureux et courageux. Ainsi apparaît dans le cœur un qi qui n’est pas commun. L’étude de l’art des paumes développe cette inspiration qui pousse à se dépasser. Cela ne doit pas être pris à la légère. En cas de confrontation, les différences entre une personne qui pratique les arts-martiaux et celles qui ne pratiquent pas sont grandes. Une personne entraînée, avec une arme, saura faire preuve de courage, tandis que l’autre se sentira frêle, découragée, confuse et paniquée, avec les pieds et les jambes qui le lâchent. Cette apparence, l’ennemi saura la lire et profiter des circonstances. Mais des personnes entraînées, même faiblement armées sauront se montrer des adversaires redoutables, traversant tous les dangers sans sourciller, jusqu’à braver la mort. Tel est le courage martial 武勇 wuyong. On ne saurait le surestimer.
Extrait du livre "Bagua zhang shu jicheng",
Du maître Guo Gu Min (1873 - 1940).
Traduit par Raphaël Gallo-Bona,
Votre praticien à l'Institut Feng Zhen.