Le confinement
Une expérience émotionnelle éprouvante
Tout au long de cette période, à chaque fois que l’on regarde son téléphone, les journaux, la télévision, on tombe uniquement sur les informations du coronavirus.
Pour faire face à l’épidémie, le côté émotionnel est un élément clé. Ici sont présentées les expériences et des suggestions pour faire face, par les professeurs en psychologie M. Ceng Qi-Feng (Wuhan, Chine) et Mme Xing Zhu (Hong-Kong).
I/ Réguler ses émotions en période de
confinement
Auteur : Professeur Ceng Qi-Feng, psychologue de renom en exercice à Wuhan, épicentre de la pandémie Covid-19.
Lors de la découverte du nouveau virus Covid-19 à Wuhan, le professeur Ceng Qi-Feng a lui aussi vécu le confinement. Il partage ici son expérience, et surtout les outils à mettre en place pour aider à réguler ses émotions.
1. Prendre de la distance avec les informations
Lors de l’annonce de l’épidémie, ça a été très dur pour le moral. En tant que personne sensible, j’évite de m’exposer excessivement aux mauvaises nouvelles. Entendre cela du matin au soir met les nerfs à rude épreuve !
Les journaux ont beaucoup écrit sur la gravité de la situation. On tournait les pages et ça n’en finissait pas. J’ai donc évité de les consulter car je savais qu’à peine j'avais lu une page, j'étais traumatisé.
Je me suis concentré sur les informations qui apportaient la sensation de contrôle sur les évènements. Comme par exemple la construction d’un hôpital en un temps record, l’aide apportée par les autres provinces et les équipes médicales venues en renfort.
En se concentrant sur ce type de nouvelles, le moral se stabilise. Lorsque le corps social est stable, on se sent mieux aussi à titre individuel.
2. Repenser le confinement
Il ne faut pas oublier que rester isolé est en fait agir pour le bien commun. Le mot d’ordre était le suivant : « Ne pas sortir, ne pas déranger, c’est contribuer au bien de tous ».
3. Croire aux capacités de chacun
C’est particulièrement vrai pour les personnes qui aiment aider les autres. En tant que psychologue, j’applique cette règle d’or : « pas de demande, pas d’aide ». On ne peut pas penser à la place d’autrui. Bien sûr que durant, et même après cette épreuve, il y aura des traumatismes. Mais, pour le moment il est préférable d’adopter une attitude passive, en l’attente qu’on nous sollicite. Cela favorise le rétablissement. D’autres encore, se rétablissent plus vite par eux-mêmes !
Par conséquent, il faut faire confiance aux capacités naturelles de chacun pour se remettre d’un traumatisme. C’est seulement lorsque ce processus n’est plus possible seul qu’il faut intervenir.
II/ Vivre l’instant présent, rester régulier
Auteur : Professeure Xing Zhu, psychologue, chercheuse, et enseignante universitaire.
1. Garder un rythme de vie régulier
Lorsqu’on reste toute la journée à la maison il est très facile de ne plus distinguer le temps de travail de celui du repos, et d’adopter des horaires décalés. Or, l’horloge biologique est d’une importance capitale pour la santé physique et mentale
Cependant, en restant continuellement confiné à la maison, on a vite fait de rompre ce rythme, de se décaler, et peu à peu on se sent dépassé.
En revanche, maintenir ou rétablir un rythme de vie régulier, avec des horaires fixes, contribue fortement à la capacité de conserver une humeur stable.
Cela est également valable pour les enfants. N ‘oubliez pas qu’étudier à la maison est une situation temporaire. Aussi, il est important de les aider à maintenir un rythme semblable à celui de l’école, afin qu’ils puissent facilement réintégrer la vie scolaire le moment venu.
2. Maintenir une activité physique régulière
En restant sans cesse enfermer à la maison, il est souvent plus difficile de rester actif. Cependant, l'exercice est non seulement un produit de santé gratuit, mais c’est aussi un excellent remède pour le moral !
Lorsqu’on ressent une baisse de moral, faire un peu d’exercice, ne serait-ce qu’une petite marche, suffit déjà à se sentir mieux.
Quand on fait de l'exercice, du BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau) est produit dans le cerveau, ce qui améliore les fonctions cérébrales, mais aussi émotionnelles.
Bien sûr, pour être en mesure d'améliorer efficacement sa santé physique et mentale, il faut se montrer persévérant.
3. D'abord prenez soin de vous, ensuite de votre famille
Enfin et c’est le point le plus important, en premier lieux, prenez soin de vous. Quasiment à chaque fois que je donne une conférence à des parents, j'en profite pour leurs rappeler de prendre soin d'eux-mêmes. Prendre soin de soi est un facteur déterminant pour être un bon parent.
Par exemple, observez l’influence qu’a sur vous l’humeur de vos enfants. Et bien ça marche aussi en sens inverse !
Les parents d'humeur stable et joyeuse sont généralement plus aptes à aborder les problèmes sous différents angles et donc de les résoudre en faisant preuve d’avantage de discernement.
Prendre d'abord soin de soi, de sa santé physique et mentale, ce n'est pas être égoiste, bien au contraire ! C'est fondemental pour pouvoir offrir un meilleur soutient à ses proches, sa famille, ses enfants.
Maintenant que la situation épidémique du pays s'améliore (Hong-Kong), j'espère que durant ces derniers moments de confinement, chacun pourra travailler à ajuster son humeur pour lui-même, mais aussi pour sa famille jusqu'au jour où les nuages laisseront place au soleil !
Traduit et partagé par Raphaël Gallo-Bona,
Votre praticien à l’Institut Feng Zhen.