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Étude des points d'acupuncture de la famille Tung, une traduction inédite de l'ouvrage original

 

Les 100 points essentiels d'acupuncture par le professeur He-Pu Ren

 

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L’art d’associer les points par paires

Posté le 10/02/2021

Par docteur Zhao Zheng-Yu, de l'université de Chengdu

 

 

L’art d’associer les points par paires,

docteur Zhao Zheng-Yu


Article rédigé par Luo Ming-Xing et Zhao Zheng-Yu


(Université de médecine traditionnelle chinoise de Chengdu, Sichuan)


Traduction IFZ

 

 Docteur Zhao Zheng-YuDocteur Zhao Zheng-Yu



    Associer les points par paires est une pratique fréquente en clinique. La méthode du professeur Zhao Zheng-Yu suit le principe selon lequel, selon ses propres termes, les points doivent être « espacés et peu nombreux ». En clinique, il excelle à les associer suivant différentes relations :


    « Tong ming jing xue » (points situés sur des canaux portant le même nom),
« Tai shao dui xue » (points par paires selon les canaux Tai – Shao),
« He xue dui xue » (points He – confluents par paires »),
« Shu mu dui xue » (points shu du dos et mu du ventre par paires), etc.


    Coupler les points de manière précise et appropriée permet de former    des synergies garantissant leurs effets thérapeutiques. Cette méthode porte le nom de « dui xue » ou « points couplés ». Elle est essentielle pour la bonne pratique de l’acupuncture. Les synergies peuvent être variées : renforcement mutuel, ouverture et fermeture, mouvement et immobilité, monter et descendre. Toutefois il ne suffit pas de sélectionner deux points ensemble pour qu’il forme un couple. C’est uniquement lorsqu’il existe une réelle complémentarité entre eux que l’on peut les qualifier de « dui xue ».


    Le diagnostique différentiel est l’essence même de la médecine traditionnelle chinoise. Mais cela ne suffit pas pour autant à une bonne pratique clinique de l’acupuncture. Il est également important de considérer si les points possèdent oui ou non une synergie. Un point seul peut s’avérer efficace, mais une association correcte des points donnera de biens meilleurs résultats.


    Docteur Zhao Zheng-Yu possède une grande expérience académique et clinique. Il préconise la lecture attentive des ouvrages classiques, et procède à de nombreuses études contrôlées. Il reconnaît la puissance de l’acupuncture en clinique. Toutefois, il insiste sur le fait que la prescription des points doit adhérer à des principes clairs ; le but étant d’utiliser un minimum d’aiguilles pour un maximum de résultats. Cela évite des désagréments non nécessaires pour les patients. Ci-dessous, notre expérience clinique dans l’association des points par paires.

 

  

 

 

Points couplés couramment utilisés

 


1/ « Tong ming jing xue »

(points situés sur des canaux portant le même nom)


a/ Jue gu (Xuan zhong VB39) & Wai guan (SJ5)

 


    Ces deux points relèvent de la catégorie du shao yang. Wai guan (SJ5) se trouve sur le canal shao yang du bras. C’est un point convergeant des canaux non régulier. Il promeut le « yang wei mai – vaisseau réservoir yang ». Jue gu (VB39) se trouve sur le canal shao yang de la jambe. C’est un des huit points hui. Il possède une action spécial sur les moelles. Tous deux se situent sur des canaux du même nom, « shao yang ». Il s’agît d’une association capitale pour réguler le qi. « Shao yang est le pivot ». Il est l’auxiliaire entre tai yang et yang ming qui permet d’ajuster et de promouvoir la bonne circulation du yang qi entre l’extérieur et l’intérieur. Shao yang est le lieu où commence le cycle du yang qi. La nature de ce dernier est de remonter. Il sert à maintenir la température du corps, c’est pourquoi il porte également le nom de « shao huo - feu modéré ».


    Wai guan (SJ5) se trouve sur la canal des trois foyers, Jue gu (VB39) se trouve sur le canal de la vésicule biliaire. Li Dong-Yuan (1180 – 1251) écrit : « La vésicule biliaire correspond au yang modéré du qi printanier qui s’élève. Le qi printanier s’élève, alors les dix-milles transformations se font paisiblement. Le qi printanier s’élève à partir de la vésicule biliaire pour être distribué aux autres organes. C’est pourquoi les onze organes dépendent tous de la vésicule biliaire ». Le « Nan jing » rapporte : « San jiao - trois foyers est la voie de passage de l’eau et des nutriments, le lieu de commencement du qi » […], « le feu modéré – shao huo engendre le qi ».


    Première clé de compréhension : le canal shao yang distribue le qi du feu vers l’extérieur et renvoie la montée du feu du foie et de la vésicule biliaire vers l’intérieur. Il régule les stagnations du shao yang. Par conséquent, si la fonction de pivot ne se fait pas correctement, le qi devient désordonné et le feu stagnant remonte. Ce phénomène engendre : colère, ulcères buccaux, acouphènes, perte de vitalité, baisse de moral, dépression, etc. Ces deux points libèrent la circulation du qi dans le corps entier.


    Deuxième clé de compréhension : « le shao yang gouverne les os ». Le « Ling shu » mentionne : « Tai yang est l’ouverture, yang ming est la fermeture, shao yang est le pivot […]. Lorsque le pivot est perturbé, les os le sont également. Pour traiter les os, sélectionnez le shao yang ». Il existe une relation intime entre le pivot shao yang et les articulations osseuses. Les deux s’influencent mutuellement. La vésicule biliaire est le lieux ou les maladies osseuses sont engendrées. C’est pourquoi il est pertinent de recourir à cette association de points pour traiter les maladies osseuses.


    Troisième clé de compréhension : « Su wen » : « Le san jiao est l’officier en charge de la bonne circulation des canalisations, c’est la voie de l’eau ». Le san jiao ajuste le métabolisme de l’eau et des liquides organiques. « Nan jing » : « Le san jiao est le lieux de transformation du yuan qi - qi primordial. Il gouverne la circulation des trois qi pour le distribuer aux cinq organes et aux six entrailles à travers les canaux ». Le san jiao assure la circulation du qi primordial. Or, le qi primordial est le fondement des cinq organes, des six entrailles et des 12 canaux.


    C’est pourquoi ces deux points peuvent traiter les syndromes du shao yang comme la distension et l’oppression dans la poitrine et les flancs, l’anxiété, la dépression, les douleurs dans la nuque, la poitrine ou la taille, l’hémiplégie, etc.


    Mode opératoire : « Ling shu » : « Lorsque le canal est en excès, puncturez profondément pour réduire le qi. Lorsque le canal est en déficience, puncturez superficiellement de façon à ne laisser ni l’essence ni le qi s’échapper. Cela permet de nourrir le canal tout en ne laissant que le qi pathogénique sortir ». En accord avec le diagnostique différentiel, on pourra choisir d’orienter l’aiguille du point Wai guan (SJ5) dans différentes directions, ou encore, une fois le « de qi » (la réponse de l’aiguille) obtenu, de faire pénétrer l’aiguille jusqu’au point Nei guan (PC6). Cela permet de renforcer les actions sur les luo pour chasser le vent, et apaiser les douleurs spasmodiques.


    Pour les méthodes de puncture du point Jue gu (Xuan zhong VB39) , le « Zhen jiu jia yi jing » préconise : « Xuan zhong (VB39) se situe sur le canal au centre des trois collatéraux yang de la jambe, remontez de trois cun au-dessus de la malléole externe. Le point se trouve dans le creux derrière le vaisseaux yang ming ». Dr Zhao insiste fortement sur le fait qu’avant de piquer ce point, il faut le localiser en remontant au-dessus de la malléole externe, jusqu’à sentir le creux. C’est ici que se trouve le point. Lorsque l’aiguille est insérée le long du bord antérieur du tibia, elle régule les maladies mentales. Lorsqu’elle est insérée le long du bord postérieur du tibia, elle régule les maladies du tai yang et du shao yang. Si elle est insérée au centre vers le haut et que la stimulation est envoyée et ressentie vers le haut, alors elle régule les maladies des os et des moelles.

 

 

 

b/ Tian zong (IG11) & Zhi bian (V54)

 


    Le point Tian zong (IG11) se trouve sur le canal tai yang du bras. Le point Zhi bian (V54) se trouve sur le canal tai yang de la jambe. Aussi, tous deux partagent le fait de se situer sur le canal tai yang. Cette combinaison est utilisée par Dr Zhao pour « harmoniser le ying – nutritif et le wei -défensif ». Le « Ling shu » rapporte : « Tous les yang sont subordonnés au Ju yang – Énorme yang [« Ju yang » équivaut à « Tai yang - très yang »]. Leurs vaisseaux se joignent tous au Palais venteux [Feng fu (Du16)]. C’est pourquoi il gouverne le qi de tous les yang ». Le canal tai yang parcours la partie superficielle du corps humain. Il est en surface. Naturellement, le qi de son canal est distribué, lui aussi, en surface. Aussi, le tai yang est la bordure du corps humain où se répand le yang qi. Il est la principale barrière contre les qi pathogènes externes.

 

    Le tai yang est impliqué dans la régulation du wei - défensif et du ying – nutritif. Dans le chapitre sur la circulation du wei qi du « Ling shu » i lest dit : « À l’aube, quand le yin est épuisé, le yang qi vient aux yeux. Les yeux s’ouvrent alors le qi monte à la tête, puis il redescend derrière la nuque jusqu’aux pieds par le tai yang ». Durant le jour, le wei qi circule dans les canaux yang, en « atteignant la tête puis en redescendant jusqu’aux pieds par le tai yang ». On peut donc conclure qu’il existe bel et bien une relation étroite entre le canal tai yang et le qi défensif. Dans le chapitre sur le gu qi – qi nutritif du même livre, on peut lire : « Le qi sort d’abord du tai yin […], puis il parcours le shao yin des bras […], et converge dans le tai yang des bras ; il remonte jusqu’aux aisselles […] et converge dans le tai yang des jambes ». Le qi nutritif circule dans le yin la nuit puis converge dans le tai yang le jour. Il entretient donc, lui aussi, une relation étroite au tai yang. « Ling shu » : « Le tai yin gouverne l’intérieur, le tai yang gouverne l’extérieur, chacun effectue 25 cycles, réparties suivant le jour et la nuit ». C’est pourquoi cette association de points est utile pour réguler le défensif et le nutritif.

 

    Le deuxième clé d’interprétation réside dans le principe « pour les tendons atteindre les tendons ». Les points shu du dos sont là où infusent le qi et le sang des organes et des entrailles. Le points Zhi bian (V54) se situe tout en bas de ces derniers. Il se trouve là ou les canaux tendineux de la vessie se rassemblent. Le point Tian zong (IG11) se trouve au centre de la partie sub-scapulaire. Il relève de la catégorie des points régulateurs du qi thoracique. Le « Shen jing tong kao » mentionne : « Le canal intestin grêle tai yang du bras et le canal vessie tai yang de la jambe communiquent […] leurs canaux s’affectent mutuellement et partagent la même circulation du qi ». Yang Jie-Bin (docteur du Sichuan) mentionne lui aussi dans son livre : « Les vaisseaux des deux tai yang s’interconnectent au niveau des yeux au point Jing ming (V1), puis au niveau de la nuque et du haut du dos, de la colonne vertébrale, de la taille. C’est pourquoi en présence de maux de tête, il faut renforcer le dos et la taille ». Le « Ling shu » l’affirme également : « Lorsque la nuque est douloureuse sans pouvoir la plier, alors il faut percer le tai yang de la jambe ; si on ne peut pas la tourner, alors il faut percer le tai yang de la main ».

 

    Le point Zhi bian (V54) se trouve à la jonction du membre inférieure avec le tronc. Le point Tian zong (IG11) se trouve à la jonction du membre supérieur avec le tronc. Un haut, un bas, c’est pourquoi ils ne servent pas uniquement à ajuster le tronc, mais aussi sa jonction avec les quatre membres. Pour ainsi dire, ils régulent le qi des canaux du corps entier. Ces deux points utilisés ensemble ont pour fonctions de libérer le qi du canal tai yang, tonifient le yang, provoquer la sudation, défaire les stases de sang et favoriser sa bonne circulation. Aussi, ils traitent tous les maux de tête, de nuque, d’épaules et de dos, etc. causés par le froid pathogène. Mais également les pathologies qui changent de côté, comme l’arthrose cervicale, le torticolis, le lumbago, etc. Ils peuvent même traiter les maladies gynécologiques telles que les règles irrégulières, la dysménorrhée, l’infertilité, etc.

 

    Le mode opératoire s’accorde à celui du « Su wen » : « Les maladies sont superficielles ou profonde, les punctures sont superficielles ou profondes ». En clinique, le docteur Zhao accorde toute son attention au diagnostique différentiel par les canaux, au chois des points, de l’aiguille, de la direction de puncture, à la stimulation. Ils sont tous différents suivant les malades. Par exemple, pour traiter une attaque par le froid qui cause un inconfort dans le haut du dos, un point de côté, ou encore un tour de rein, un torticolis, etc. On peut se servir d’une mao zhen pour puncturer le point Tian zong (IG11) jusqu’à atteindre l’os [attention ! Technique réservée aux acupuncteurs aguerris, au risque de pneumothorax], afin d’induire une sensation dans toute l’épaule et le haut du dos. On peut également recourir à une puncture oblique en direction de l’aisselle, dans le but de stimuler le nerf axillaire et conduire avec l’aiguille une sensation le long de son trajet. La puncture du point Zhi bian (V54) se fait perpendiculairement avec une grande aiguille pour induire la sensation tout le long de la jambe. Cette technique peut s’appliquer avec le patient allongé sur le ventre ou debout. Debout, la stimulation est encore plus forte. Pour traiter les syndromes comme la dysménorrhée, les règles irrégulières avec stases de sang, etc. le point Tian zong (IG11) permet de défaire les stases troubles. Zhi bian (V54) est, quant à lui, puncturé en direction du point Shui dao (E28), de sorte que la sensation de l’aiguille soit transmise dans le bas de l’abdomen et au périnée.

 

 

 

2/« Tai shao dui xue »

(points par paires selon les canaux Tai – Shao) :

Jian jing (VB21), Kun lun (V60)

 


    Kun lun (V60) est un point du canal de la vessie. Jian jing (VB21) est un point du canal de la vésicule biliaire. Docteur Zhao associe Jian jing (VB21) et Kun lun (V60) pour « faire circuler le yang wei ». Li Shi-Zhen dans son célèbre « Réflexions sur les huit canaux non-réguliers » nous dit : « Le vaisseaux yang wei joint les trois yang des bras et des pieds ensemble. Il est relié du début à la fin avec les canaux tai yang et shao yang des jambes ». Ce passage exprime très clairement la relation étroite de canal yang wei avec le tai yang et le shao yang. Le « Huang di nei jing » nous dit également : « Tous les yang relèvent des vaisseaux Du et Wei […] le yang wei joint tous les vaisseaux yang. Ils se réunissent au palais du vent (Feng fu – Du16), subordonnés au tai yang ». Le Du mai et le canal tai yang sont interconnectés par les luo et les branches communicantes. Ce que confirme Zhang Zhi-Cong dans ses « Analyses du Huang di nei jing et du Ling shu » : « Le tai yang et le Du mai communiquent ». Le « Zhen jiu jia yi jing », à propos du point Jin men (V63), nous apprend : « C’est le point de départ du yang wei ». La connexion entre le tai yang et le yang wei est indéniable. Sur les 16 points où passe le yang wei, 10 se trouvent sur le canal shao yang de la jambe. Jian jing (VB21) est l’un d’entre eux. C’est pour cela que la combinaison des points Jian jing (VB21) et Kun lun (V60) régule le yang wei.

 

    Le « Nan jing » nous apprend à propos des altérations des canaux wei  : « Le yang wei préserve le yang, le yin wei préserve le yin. Si le yin et le yang ne parviennent plus à s’auto-réguler, alors les contrariétés et le manque de volonté apparaissent, avec des débordements incontrôlables. Les malades du yang wei souffrent d’alternances entre le chaud et le froid ; les malades du yin wei souffrent de douleurs au cœur ». Le « Biao you fu » complète : « Le yang qiao et le yang wei se joignent au Du mai. Ils gouvernent les maladies en surface de la nuque, des épaules, du dos, de la taille et des jambes ». C’est pourquoi cette association traite les syndromes liés aux pathogènes extérieurs, au shao yang, ainqi que les douleurs de la nuque et du dos, les maux de têtes, ainsi tous les symptômes du même type.

 

    Tai yang est la surface des trois yang. Il est l’ouverture. Le shao yang, quant à lui, gouverne le passage entre la surface et l’intérieur. Il assure la liaison et l’équilibre entre le tai yang et le yang ming. Shao yang régule le qi des trois yang, le ying – nutritif et le wei – défensif. Il est le pivot du qi et du sang du corps entier. Par conséquent, il est crucial à tous mouvements. En le réunissant au tai yang, on obtient des résultats encore plus probants sur la répartition du yang qi dans l’ensemble du corps.

 

    Ils jouent donc un rôle très important dans la régulation du qi. Le « Zhen jiu da cheng » nous dit à propos du point Jian jing (VB21) : « il traite les paralysies post-AVC, l’accouchement difficile, les réversions dans les membres post-avortement ». Plus loin, à propos de Kun lun (V60) : « il provoque l’avortement, il est utilisé en cas d’accouchement difficile ou pour expulser le placenta ». Le « Jing yan qi fang » précise : « Le bon déroulement de l’accouchement dépend du qi et du sang. Lorsque le qi et le sang sont en quantité suffisante, alors l’accouchement est facile ». Les pratiques cliniques ont démontré l’efficacité du point Jian jing (VB21) pour accentuer les contractions utérines. La puncture du point Kun lun (V60) promeut la circulation du sang par le mouvement du qi. Lorsque le qi et le sang sont en harmonie et qu’ils circulent librement, alors les douleurs de l’accouchement sont apaisées.

 

    Pour les mêmes raisons, la puncture par paire des points Jian jing (VB21) et Kun lun (V60) permet de traiter les syndromes de déficience en qi dans le tai yang et le shao yang accompagnée par la crainte du froid, la dysménorrhée, les règles irrégulières, les maux de tête du shao yang, de la nuque, le mal de dos, les acouphènes, etc. Et bien sûr, pour provoquer l’accouchement.

 

    Le mode opératoire suit celui que l’on trouve dans le « You ke tie jing » : « Le point Jian jing (VB21) est comme une grande digue. Lorsqu’on le pince, la circulation du qi et du sang s’ouvre dans le corps entier ». En clinique, docteur Zhao dit souvent « si Jian jing (VB21) n’est pas pincé, alors le qi n’est pas régulé ». Aussi, pour traiter les maladies par mauvaise circulation du qi et du sang, on commence toujours par saisir et soulever le point Jian jing (VB21), secondé par le point Kun lun (V60) pour faire traverser le qi dans tout le corps. Cette technique s’appelle : « réguler le qi du début à la fin ». Cependant, comme tous les malades sont différents, les prescriptions sont elles aussi toujours différentes.

 

 

 

 3/ « He xue dui xue » (points He – confluents par paires ») :

Qu chi (GI11) & Yang ling quan (VB34)

 


    Qu chi (GI11) est un point régulier du canal du gros intestin. Yang ling quan (VB34) est un point régulier du canal de la vésicule biliaire. Ce sont deux points clés pour la technique « He – réunir ». Tous les deux sont des points « He - confluents ». Les points « He - confluents » sont là où le qi du canal pénètre le plus profondément pour se rassembler avec les organes et entrailles correspondants. C’est donc là que le qi est le plus puissant. Yang ling quan (VB34) est également le point spécial des tendons. Ces deux points réunis sont efficaces pour libérer les canaux et faire circuler les luo. Le « Bai zheng fu » recommande : « pour traiter l’hémiplégie faire communiquer Yang ling quan (VB34) avec Qu chi (LI11) ». En clinique, on a fréquemment recours à cette combinaison de points pour traiter l’hémiplégie, les syndromes d’obstructions douloureuses articulaires, les maladies des canaux tendineux, etc. Elle permet de mobiliser facilement le qi des canaux aussi bien pour tonifier que pour disperser.

 

    Cette combinaison est également très efficace pour « réguler les mécanismes du qi ». En effet, le gros intestin est relié aux poumons en vertu de la relation extérieure – intérieure (« biao li »). La vésicule biliaire est reliée au foie en vertu de la relation extérieure – intérieure (« biao li »). Le qi du gros intestin suit celui des poumons, donc tous deux descendent à droite. Le qi de la vésicule biliaire suit celui du foie, donc tous deux remontent à gauche. Lorsque la circulation est bonne, le qi monte à gauche et descend à droite. Lorsque cet équilibre se rompt, les maladies apparaissent. Selon les principes traditionnels « pour traiter les entrailles, utiliser les points He - confluents » et « les points He – confluents traitent les réversions et les extravasations », les entrailles sont utilisées pour libérer la circulation et réguler les épanchements. Ainsi, ces deux points réunis permettent de traiter les problèmes de distribution du qi, autant pour les remontées pathologiques que pour les diarrhées. Ils possèdent également la capacité de réguler les dysfonctionnements des organes internes, concrétisés par des symptômes comme : les distensions abdominales, la diarrhée, la bouche amer, le hoquet, et toutes les autres maladies relevant d’un dérèglement des mouvements de monté et de descente du qi.

 

    « Les organes et les entrailles communiquent ». Au chapitre sur les organes et les entrailles, le « Yi xue ru men » : « Le foie et le gros intestin communiquent […] pour traiter les maladies du foie il faut drainer le gros intestin ; pour traiter les maladies du gros intestin il faut équilibrer le canal du foie ». Aussi, la puncture du point Qu chi (GI11) permet d’ajuster le shao yang. Le « Hui yuan zhen jiu xue » nous dit à propos de ce point : « Qu chi - Bassin courbe (GI11) est le bassin du canal yang, où le yin qi s’accumule. Ainsi, le yin et le yang s’interconnectent. C’est pourquoi, il possède aussi la faculté de nourrir le yin ». Par conséquent, ces deux points réunis servent à traiter les vertiges par montées du yang du foie, les séquelles post-AVC, les maux de tête, et les autres symptômes du même type.

 

    Mode opératoire : pour traiter les maladies des canaux tendineux, on peut puncturer Qu chi (GI11) et Yang ling quan (VB34) de façon perpendiculaire, pour transmettre la sensation irradiante dans les poignets et les chevilles. Mais c’est aussi possible d’orienter la sensation vers le haut, afin d’orienter vers la partie malade. Ce principe s’appelle « guider le qi vers la maladie ». De par leurs localisations, ces deux points sont propices aux techniques d’aiguilles, comme celles du dragon, du tigre, de la tortue et du phénix. Par exemple, pour stopper la nausée ou la diarrhée aiguë, on pourra employer la technique de la montagne en feu ou du ciel gelé sur le point Qu chi (GI11).

 

 

 

4/ « Shu mu dui xue »

(points shu du dos et mu du ventre par paires) :

Tian shu (E25) & Da chang shu (V25)

 


     Tian shu (E25) est un point régulier du canal du gros intestin. Da chang shu (V25) est un point régulier du canal de la vessie. Ces deux points puncturés ensemble servent à « harmoniser yin yang ». Tian shu est le point « mu – collecte » du gros intestin. Da chang shu est le point « bei shu – point transport du dos » du gros intestin. La 67ème difficulté du « Nan jing » nous apprend : « Pour les maladies yin faire circuler au yang. Pour les maladies yang, faire circuler au yin. C’est pourquoi les points « mu - collecte » sont au yin, et que les points « shu - transport » sont au yang ». [Note du traducteur : Ce passage confirme le principe selon lequel on a recours aux points shu du dos pour traiter les organes – donc au yang du corps pour traiter les organes yin - et les points mu du ventre pour traiter les entrailles – donc au yin du corps pour traiter les entrailles yang]. On retrouve dans le « Su wen » le même principe : « Un acupuncteur aguerri guide le yang à partir du yin, le yin à partir du yang ». L’utilisation de concert des points shu et mu permet de fortifier et de réguler le fonctionnement des organes et des entrailles. Ces deux points, en particulier, permettent de traiter les maladies en rapport au gros intestin, tels que les maux de ventre, la diarrhée, les gargouillements, la constipation, la dysenterie, etc. Leur action est particulièrement efficace pour « réguler le qi ». Le « Su wen » écrit : « Au-dessus de « Tian shu – Pivot céleste » gouverne le qi du Ciel. En-dessus de « Tian shu – Pivot céleste » gouverne le qi de la Terre. Le qi se rencontre au centre, c’est de là que provient le qi des hommes et de toutes choses. C’est le sens de « Tian shu – Pivot céleste ». Tian shu est la frontière entre le qi du Ciel et celui de la Terre. C’est le pivot à partir duquel le mécanisme du qi rentre en activité. C’est pourquoi, ces deux points, dont un est antérieur et l’autre postérieur, régule le mécanisme du qi en connectant le yin et le yang. En clinique, docteur Zhao a principalement recours à cette association pour traiter les maladies internes et gynécologiques.

 

    Mode opératoire : « Ling shu » : « La technique « Bang zhen ci – Puncturer proche » consiste à puncturer parallèlement proche de l’aiguille initiale. C’est une méthode pour traiter les syndromes chroniques d’obstructions douloureuses ». DrZhao Zheng-Yu utilise fréquemment cette technique avec les points Da chang shu (V25) pour traiter les lombalgies. L’abdomen et les lombes se font face. Les points Tian shu (E25) et Da chang shu (V25) se trouvent sur la même ligne. Basé sur le principe de correspondance avant – arrière, lorsque la douleur du dos est à gauche, le point Tian shiu (E25) gauche est puncturé, et vis versa. Pour traiter les autres maladies internes précitées, on peut commencer par masser en pressant et en tournant sur les points Tian shu (E25). En massant de la sorte, le patient ressent alors un changement interne des mécanismes du qi s’opérer. Suite à cela, les effets de l’acupuncture seront encore meilleurs.

 

 

  

Traduit et partagé par Raphaël Gallo-Bona,

Votre praticien à l’Institut Feng Zhen.